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Pas à pas (ou la cohabitation avec  ma dépression) 

Pas à pas (ou la cohabitation avec  ma dépression) 

Je viens de faire le calcul: cela fait maintenant six semaines que « Dépression » a fait irruption dans ma vie. Six semaines qu’elle s’est imposée et ne m’a pas laissé le choix que d’apprendre à co-habiter avec elle. Ce n’est pas la meilleure des colocataires, je dois l’avouer. Je ne la souhaite à personne. Mais, on s’habitue…

Pour ceux qui n’ont jamais eu le privilège de co-habiter avec « Dépression », voici une petite vidéo qui illustre parfaitement ce qu’on ressent au quotidien à ses côtés:

« Dépression » m’a accompagnée lorsque j’ai été rechercher mes affaires…j’ai eu un pincement au cœur quand j’ai vu ma salle réorganisée(enfin, en bordel surtout), remplie d’affaires qui n’étaient pas les miennes…mais aussi un soulagement de ne plus assumer cette grande responsabilité.  Je regrette de ne pas avoir pu dire au revoir à certains de mes élèves. Ils ne me faisaient pas tous tourner bourrique…Dans ma classe, j’ai récupéré la carte que mes 6e m’avaient écrite pour mon anniversaire. Je peux y lire « lots of love » ou encore « you’re the best teacher ever ». Je l’ai accrochée dans ma chambre et peux m’y attarder de temps en temps. Cela me rappelle que je ne suis pas si nulle que ça… Je n’ai pas pu retrouver François, petite peluche pingouin Pas à pas (ou la cohabitation avec  ma dépression) mascotte de ma classe. Une élève de seconde m’a envoyé un email pour m’expliquer qu’elle l’avait mis en sécurité pour éviter que mes 5e ne l’abîme, comme à leur habitude… C’est ce genre d’élève que je regrette…

Je pensais que « Dépression » partirait dès que j’aurais quitté mon job et que tout rentrerait miraculeusement dans l’ordre du jour au lendemain. Haha! Je suis bien naïve. « Dépression » est vraiment bien chez moi: logée, nourrie, blanchie. Pourquoi partirait-elle?

Je suis retournée en France me ressourcer. J’ai passé une semaine cloîtrée chez mes parents. Je ne sortais que lorsque ma mère allait faire les courses. Je n’ai pas rendu visite à mes amis, je les évite même: je n’ai pas envie d’être un poids pour eux… Et puis, « Dépression » me tient déjà compagnie h24. Elle est très possessive et n’aime pas trop que je la délaisse…

 

Mais bon, cette relation est trop toxique pour durer. Je devais réagir. J’ai donc suivi les conseils de mes copines blogueuses et j’ai essayé de parler à quelqu’un. (Au passage, merci à tous pour vos gentils commentaires de soutien. ça m’a vraiment fait chaud au coeur <3). J’ai trouvé « Andrew » à deux pas de chez moi et qui ne demandait pas 60£ de l’heure. Il n’en fallait pas plus pour me convaincre. A ma grande surprise, il a lui aussi tenté l’aventure Pas à pas (ou la cohabitation avec  ma dépression)  psyprofesseur dans le secondaire et a pris ses jambes à son cou. J’ai parlé de mes soucis à quelques personnes, mais cela ne m’a jamais vraiment aidé. Parler à quelqu’un qui est passé par la même galère que moi a été libérateur. Je me suis enfin sentie comprise. Il a pu mettre le doigt sur ce qui fait mal et poser des mots sur ce que je n’arrivais pas à exprimer. J’ai compris que, ce que je veux, c’est transmettre mon savoir, aider les gens et qu’être professeur dans le secondaire (ou du moins, mon poste actuel) ne représente pas ces valeurs. C’était donc normal que je craque, je n’ai pas à m’en vouloir.

La route est encore longue pour reprendre confiance en moi. J’essaie de me remettre dans le bain en donnant des cours bénévolement, pour le plaisir, mais j’ai toujours des crises d’angoisses avant d’y aller. Les habitudes sont tenaces mais une fois lancée, je me sens dans mon élément.

J’ai ressorti ma machine à coudre, je reparle du Japon avec l’anglais, j’ai balancé mes cachets, je parle voyage en Allemagne avec mon amie Léa et je suis en train d’écrire sur mon blog… Je recommence à retrouver un petit semblant de vie, pas à pas.

Pas à pas (ou la cohabitation avec  ma dépression)  espoir

4 commentaires sur “Pas à pas (ou la cohabitation avec  ma dépression) 

  1. Ton article m’a vraiment touchée. On ne se connaît pas, mais j’ai vécu des histoires similaires avec des jeunes, et j’ai déjà vu une de mes profs de terminale craquer devant ses élèves … C’est très dur, prend bien soin de toi … Bisous

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  2. Pour être passée par là, je sais ce que tu peux ressentir. Ton article d’aujourd’hui est un grand pas en avant ! Garde courage, fais des projets, reprends goût à la vie. Ça en vaut vraiment la peine ! ♥

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